Le vieillissement cognitif est-il uniquement délétère ? La perspective de l’activité physique

Le cerveau, un pas entre améliorations et détériorations

Le cerveau, comme tous les organes du corps humain vieillit. Même si certaines régions cérébrales sont épargnées, il subit des modifications au niveau de sa structure [1] telles qu’une diminution de son poids et de son volume mais également une dégradation de ses connexions.  Une région semble être touchée d’avantage par ce processus : le lobe préfrontal. Vous savez, cette partie du cerveau qui est, comme son nom l’indique, au niveau de votre front. Elle est le siège des fonctions exécutives, dites « supérieures ».

Les fonctions exécutives sont responsables de la planification, de l’organisation et de la synchronisation des actions complexes. Par exemple, ce sont ces fonctions qui vous permettent de suivre une conversation et d’écouter en même temps curieusement celle de votre voisin (partage attentionnel). Si vous êtes le barman de la soirée elles vous offrent la possibilité de retenir les commandes de vos amis qui ont déjà changé d’avis 3 fois sur leur choix de cocktails (mise à jour de la mémoire de travail). Plus sérieusement, ces fonctions sont particulièrement importantes pour la réalisation des activités de la vie quotidienne et leurs perturbations peuvent entraîner des conséquences négatives sur le comportement des personnes âgées [2].

Heureusement, rien n’est inéluctable, le cerveau possédant une capacité de transformation assez incroyable, nommée « plasticité cérébrale » [3]. Il est capable de se modifier en fonction des informations qu’il reçoit, et ce, même à un âge avancé [4].  Les individus ont donc un potentiel d’amélioration (ou de déclin), qui apparaît sous l’influence de différents facteurs. Les principaux sont liés au mode de vie des individus tels que le nombre d’années de scolarité, l’alimentation, l’expertise professionnelle, l’entraînement cognitif mais surtout l’activité physique  [3,5]. De multiples travaux montrent une relation positive entre la pratique d’une activité physique régulière et la vitalité cognitive des personnes âgées [6–10]. Plus intéressant encore, ce sont les fonctions exécutives qui se révèlent les plus sensibles aux effets de l’activité physique [8,11].

Maintenant que faire pour générer ces bénéfices ?

Quelles activités physiques ?

La question devrait plutôt être reformulée de la sorte : quelles sont les envies des seniors que vous suivez ? Le plaisir étant un déterminant essentiel qui influence le temps qu’une personne alloue à l’activité [13], ce point est crucial. D’autant plus qu’à partir de 70 ans, le plaisir pourrait être l’unique facteur motivationnel à la pratique d’activité physique [14]. De multiples activités peuvent être proposées, à savoir de la marche, du vélo, de la natation, du renforcement musculaire… Mais pensez également à être inventif : adaptez le basket-ball, le handball, les jeux vidéo actifs, les sports de combat… les bénéfices cognitifs pourraient alors vous surprendre.

Références

[1] Lemaire P, Bherer L. Psychologie du vieillissement: Une perspective cognitive. De Boeck Supérieur; 2005. 478 p.

[2] Amieva H, Phillips L, Della Sala S. Behavioral dysexecutive symptoms in normal aging. Brain Cogn. 2003 Nov;53(2):129–32.

[3] Greenwood PM, Parasuraman R. Neuronal and Cognitive Plasticity: A Neurocognitive Framework for Ameliorating Cognitive Aging. Front Aging Neurosci [Internet]. 2010 [cited 2022 Apr 2];2. Available from: http://journal.frontiersin.org/article/10.3389/fnagi.2010.00150/abstract

[4] Hertzog C, Kramer AF, Wilson RS, Lindenberger U. Enrichment Effects on Adult Cognitive Development: Can the Functional Capacity of Older Adults Be Preserved and Enhanced? Psychol Sci Public Interest. 2008 Oct;9(1):1–65.

[5] Fillit HM, Butler RN, O’Connell AW, Albert MS, Birren JE, Cotman CW, et al. Achieving and Maintaining Cognitive Vitality With Aging. Mayo Clin Proc. 2002 Jul;77(7):681–96.

[6] Albinet CT, Boucard G, Bouquet CA, Audiffren M. Increased heart rate variability and executive performance after aerobic training in the elderly. Eur J Appl Physiol. 2010 Jul 1;109(4):617–24.

[7] Churchill JD, Galvez R, Colcombe S, Swain RA, Kramer AF, Greenough WT. Exercise, experience and the aging brainଝ. Neurobiol Aging. 2002;15.

[8] Colcombe S, Kramer AF. Fitness Effects on the Cognitive Function of Older Adults: A Meta-Analytic Study. Psychol Sci. 2003 Mar;14(2):125–30.

[9] Erickson KI, Voss MW, Prakash RS, Basak C, Szabo A, Chaddock L, et al. Exercise training increases size of hippocampus and improves memory. Proc Natl Acad Sci. 2011 Feb 15;108(7):3017–22.

[10] Smith PJ, Blumenthal JA, Hoffman BM, Cooper H, Strauman TA, Welsh-Bohmer K, et al. Aerobic Exercise and Neurocognitive Performance: A Meta-Analytic Review of Randomized Controlled Trials. Psychosom Med. 2010 Apr;72(3):239–52.

[11] Kramer AF, Hahn S, Cohen NJ, Banich MT, McAuley E, Harrison CR, et al. Ageing, fitness and neurocognitive function. Nature. 1999 Jul;400(6743):418–9.

[12] Audiffren M, André N, Albinet C. Effets positifs de l’exercice physique chronique sur les fonctions cognitives des seniors : bilan et perspectives. Rev Neuropsychol. 2011;Volume 3(4):207–25.

[13] Dishman RK, Motl RW, Saunders R, Felton G, Ward DS, Dowda M, et al. Enjoyment Mediates Effects of a School-Based Physical-Activity Intervention: Med Sci Sports Exerc. 2005 Mar;37(3):478–87.

[14] Maillot P, Becquard C, Perrot A. Motivation des personnes âgées à pratiquer une activité physique. Gérontologie Société. 2018;40(2):127.

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